Engagement des élus et engagement citoyens, un binôme au service de l’intérêt général

Réponse de la Communauté de communes représentée par son Président Loïc Régeard à la tribune "Tuer l'engagement citoyen" de Corto Fajal (association BVBR)

Nous souhaitons réagir à la tribune récemment publiée, faisant suite à un échange intervenu lors d’une réunion de travail consacrée à la restitution du Projet Agricole et Alimentaire Territorial (PAAT). Nous avons lu avec attention ce long témoignage, dense et engagé, et nous comprenons qu’il émane d’un sentiment profond de frustration et de blessure personnelle.

Il nous paraît cependant important d’apporter un éclairage complémentaire, afin de replacer les faits dans leur contexte et d’exprimer notre incompréhension quant à certaines interprétations qui y sont faites.

Cette réunion s’inscrivait dans une démarche de co-construction ouverte, rassemblant des acteurs issus d’horizons variés – monde agricole, partenaires institutionnels, acteurs associatifs – autour d’une ambition partagée pour notre territoire, celle d’améliorer le système agricole et alimentaire global par de nouvelles actions concrètes. Nous nous réjouissions alors de pouvoir compter sur la participation de l’association BVBR, dont nous reconnaissons la contribution active et continue sur de nombreux sujets.

Ce jour-là, l’intervention de son représentant, Corto Fajal, a cependant principalement porté sur la place de cette seule structure dans les conclusions du PAAT, alors que l’objet de la rencontre était de réfléchir collectivement à un cadre global.

La dangerosité de la déformation des propos

Toutefois, nous tenons à préciser que certaines paroles ou intentions qui nous sont attribuées dans la tribune relèvent d’une déformation regrettable de nos propos. À aucun moment il n’a été question de disqualifier l’engagement citoyen, ni de porter un jugement personnel. Ce qui a été exprimé relevait d’un appel à prendre de la hauteur dans une démarche collective.

Ce n’est pas la légitimité de l’engagement citoyen que nous remettons en question, ni les actions de terrain que nous savons utiles et constructives. Ce qui nous a interpellés, c’est qu’à un moment dédié au partage entre acteurs, l’échange ait pris la forme d’un plaidoyer à sens unique, recentré sur les attentes spécifiques d’un acteur pourtant engagé dans une démarche plus large.

Nous souhaitons souligner que la déformation des propos dans ce type de tribune peut avoir des conséquences bien plus larges et potentiellement dangereuses. Un tel message, s’il n’est pas corrigé, peut nuire gravement à la confiance accordée par les habitants aux élus et renforcer la monté du populisme ambiant au risque de desservir la démocratie locale.

L’engagement citoyen et l’engagement d’élu : deux formes d’investissement au service du collectif

Nous voulons aussi rappeler que l’engagement en tant qu’élu est lui aussi un engagement exigeant, souvent méconnu. Il implique des responsabilités étendues, des décisions parfois impopulaires, un équilibre délicat entre équité, pragmatisme et ambition. Être élu local aujourd’hui, c’est naviguer entre des contraintes budgétaires, des injonctions multiples et des attentes fortes. C’est s’investir dans la durée, avec parfois peu de reconnaissance et souvent beaucoup d’exposition.

Nous ne mettons pas en opposition ces deux formes d’engagement – institutionnel et citoyen – mais au contraire, nous croyons profondément à leur complémentarité. Encore faut-il que chacun reconnaisse aussi les contraintes, les devoirs et les limites de l’autre. L’action publique ne peut pas toujours répondre à toutes les attentes individuelles, même lorsqu’elles sont portées avec sincérité et intensité.

Retrouver un cadre de dialogue respectueux

Nous appelons à dépasser les incompréhensions. L’engagement citoyen mérite soutien et reconnaissance, et nous nous en sentons collectivement responsables. Mais pour construire durablement, il est indispensable de maintenir un climat de dialogue respectueux, sans mise en accusation, ni surinterprétation.

Nous continuerons à faire notre part pour encourager la coopération entre institutions et société civile. Nous croyons qu’un territoire se construit ensemble, avec lucidité, humilité, et dans le respect mutuel de nos rôles respectifs.

Enfin, il nous semble important de souligner que de telles tribunes n’incitent pas la collectivité à accompagner plus avant une dynamique pourtant utile, et risque, à terme, de desservir les objectifs mêmes que nous partageons tous, pour notre territoire. C’est pourquoi nous espérons que les échanges à venir pourront retrouver un cadre plus constructif, plus respectueux, et plus tourné vers l’intérêt général.

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